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22 septembre 2014
Disparition d'une mer ... naissance d'un désert

Il était jusqu'alors établi que le développement du désert du Sahara était synchrone de l’englacement du Groenland il y a 2,6 millions d’années. Une étude franco-norvégienne publiée le 17 septembre 2014 dans la revue Nature, à laquelle ont participé des chercheurs du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE) (CEA/CNRS/UVSQ) et de l’Institut de physique du globe de Strasbourg (CNRS/Université de Strasbourg), montre que l’aridification du Nord de l’Afrique s’est produite en réalité 5 millions d’années plus tôt.

Cette étude a été réalisée à partir d’une série de simulations numériques du climat couvrant les 30 derniers millions d’années. Les chercheurs ont ainsi montré que ce sont des changements paléogéographiques globaux liés à  la tectonique des plaques qui sont à l'origine de l’apparition du désert du Sahara. En effet, c'est la disparition de la mer Téthys qui a produit l’aridification de l’Afrique du Nord et d’une partie de la péninsule arabique. De cette vaste mer épicontinentale qui couvrait l’Europe de l’Est et l’Ouest de l’Asie, il ne reste aujourd'hui que des reliquats comme la mer Caspienne et la mer Noire. 

Une fois la mer Téthys disparue, la réponse de cette région aux changements climatiques induits par la variation des paramètres orbitaux s’est amplifiée. La vaste étendue d’eau avait pour effet d’atténuer l'impact climatique de ces variations orbitales. En Afrique, cette plus grande sensibilité se traduit  par des oscillations entre « Sahara Vert » et « Sahara Jaune ». Le dernier optimum climatique en Afrique (environ 9000 à 6000 ans) correspond à un épisode de fortes moussons qui a conduit au reverdissement du Sahara, à son occupation humaine et au développement de grands écosystèmes lacustres tel que le Mégalac Tchad[1].

L’étude signale également que cette aridification de l'Afrique (entre 11  et 7 millions d’années) associée à une plus grande sensibilité au forçage astronomique, est contemporaine de l'émergence des hominidés anciens sur le continent africain. De nouvelles simulations et l'examen des archives géologiques et des découvertes paléontologiques devraient permettre d'explorer l'impact des modifications du climat sur la dynamique des environnements et l'évolution de l'Homme.

 

[1] Le Mégalac Tchad était un immense lac, développé dans le bassin du Lac Tchad au cours du dernier optimum climatique, de plus de 350 000 km2 qui s’étendait Du Sahel jusqu’au Sahara.

 

Référence de l’article Zhang, Z.-S., Ramstein, G., Schuster, M., Li, C., Contoux, C. and Yan, Q.: Aridiï¬ï¿½cation of Sahara caused by Tethys Sea shrinkage during Late Miocene, Nature, 17 septembre 2014 doi:10.1038/nature13705

 

 

 
#43 - Màj : 12/02/2016
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