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26 avril 2021
L’hydrologie du Plateau de Saclay, une nature difficile à dompter
Conférence du 5 fév. 2021 à l'Institut Diversité Ecologie et Evolution du Vivant (IDEEV)

Les terres agricoles du Plateau de Saclay résultent du combat séculaire de l'homme pour domestiquer une nature d'abord hostile, puis généreuse, au prix d'une lutte incessante contre les forces contraires : précipitations, sols marécageux, vent, gravité.

Aujourd'hui massivement drainées, le territoire offre, comme une grande partie des terres limoneuses du Bassin Parisien, une fertilité exceptionnelle issue à la fois de son climat doux et d'un sol fin et relativement épais, qui permettent de cultiver les céréales de façon intensive sans irrigation. L'urbanisation massive en cours tend à changer la donne, mais le patrimoine reste riche.

Pourtant, avec le changement climatique et la remontée progressive vers le nord des conditions favorable à la culture, notamment, du maïs, de telles dispositions seront précieuses à la préservation des ressources alimentaires du pays, voire de l'Europe.

Le revers de la médaille est cette propension des sols, une fois artificialisés par drainage ou par imperméabilisation, à évacuer les eaux de pluies par les rigoles ou par ruissellement en surface et sub-surface, vers les coteaux et les rivières de l'Yvette, de la Bièvre et de la Mérantaise en contrebas. La gestion hydraulique du Plateau est donc un enjeu majeur, aggravé temporairement par les travaux incessants en cours, pour les habitations et les installations sur le plateau, en coteaux ou en fond de vallée.

Si Gobert avait su, en son temps, valoriser ces eaux pour orner les jardins de Versailles et favoriser l'agriculture, la gestion efficace, écologique et pérenne des eaux du Plateau reste un défi.

 

Dès l’antiquité, le Plateau de Saclay, naturellement marécageux et inhospitalier, a offert aux civilisations qui se sont succédées des opportunités agricoles exceptionnelles.

Quelles que soient les époques, l'agriculture a pu prospérer - davantage, d'ailleurs, du temps des Gaulois que sous l'empire Romain - grâce au drainage des sols. Les techniques ont varié mais le principe est resté le même : évacuer l'eau des premières couches du sol vers des mares et vers les coteaux.

 

 
L’hydrologie du Plateau de Saclay, une nature difficile à dompter

Le réseau hydrographique du Plateau de Saclay ne mène plus au jardin du Roi, mais n'en est pas moins entièrement artificialisé, au profit de l'activité agricole et de la prévention des inondations.

Malgré son usage ancestral et son équipement intensif, le cycle de l'eau sur le Plateau reste largement méconnu.

Tout d'abord au niveau météorologique, du moins pour les pluies d'orage, du fait de la faible étendu des épisodes convectifs qui peuvent - malgré une reconstitution de la lame d'eau par radar - échapper au maillage des stations. Le volume total d'eau (par pluie, neige, grêle, rosée, ...) tombant sur le bassin versant est mal connu, et les pluies de projet utilisées pour dimensionner les ouvrages de retenue sont basées sur des stations à distance, et sans intégrer le changement climatique quoiqu'avec une marge de sécurité.

Au niveau hydrographique, le suivi - par nature fort coûteux - est sommaire. La poignée de stations hydrologiques du réseau national sont affectées par nombre d'affluent. Les rigoles, sauf en quelques points de passage aux niveau des ouvrages de gestion, ne sont pas instrumentées et ont une réactivité fluctuante liée à la végétation qui y prospère naturellement. Enfin, une partie des écoulements fuit également le réseau de rigole en s'écoulant directement par les coteaux. Enfin, une part de l'infiltration des bords du Plateau s'écoule en sub-surface pour ressortir à flan de coteaux ou en fond de vallée.

L'évapo-transpiration reste le défi constant d'évaluation qu'il est dans la discipline. Outre le fonctionnement spécifique lié à la culture intensive et au drainage, la réponse à la demande végétale ou au sol nu fait l'objet d'une batterie de modèles et de méthodes d'estimation aussi variés que contradictoires, allant de 0 à 200mm/an. La vérité est probablement entre les deux.

Enfin, cette estimation comme la compréhension et la gestion des soutiens d'étiage en rivière, dépend étroitement des processus hydrogéologiques. Sous les limons fertiles se trouve une épaisse couche d'argile à meulière "réputée" imperméable. Dans la réalité, on y trouve des fenêtres calcaires fissurées - donc localement perméable verticalement - et des paléo-chenaux de sables de Lozère (issu de l'ancien cours de la Loire-Seine) venant du Massif Central vers la Seine au nord - donc horizontalement perméable. Comme la nappe des Sables de Fontainebleau sous-jacente est effectivement alimentée, il faut bien que de l'eau l'alimente. Recharge ponctuelle ou diffuse ? intense ou modérée ? la question reste ouverte malgré ses enjeux pour les écosytèmes des rivières et zones humides et pour la pollution.

 

Historiquement, et plus massivement encore depuis les grands projets d'aménagement, le Plateau est équipé pour faire face - plus ou moins heureusement - à l'afflux des eaux pluviales. Un important patrimoine historique et archéologique en témoigne. De nombreuses modalités existent aujourd'hui, avec des moyens modernes d'évaluation et de gestion, pour marier le cycle hydrologique naturel avec les cités nouvelles. Autant d'opportunités de gestion, d'inclusion des eaux urbaines dans le paysage, mais aussi de défi pour une gestion efficace et pérenne.

presentation_maugis_hydroPsaclay_2021-02-05.pdf

La conférence peut être visionnée au lien ci-dessous

 
#257 - Màj : 21/09/2022
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