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Amplification polaire et terres Arctiques : le signal émerge t-il du bruit ?
Laurent Terray
Climat, Environnement, Couplages, Incertitudes (CECI), UMR5318, CNRS/Cerfacs
Wed, Jun. 22nd 2016, 11:00-12:00
Bât. 701, P. 17C, LSCE Orme des Merisiers

L’amplification polaire, signifiant que les variations de la température moyenne globale sont
associées à des variations de même signe et de plus forte amplitude aux hautes latitudes, est
considérée comme une des caractéristiques les plus robustes des différences observées entre
les climats passés de la Terre. L’amplification polaire est aussi un des effets attendus en
réponse à l’augmentation des gaz à effet de serre depuis la période préindustrielle. Elle est
également associée à des modifications d’autres forçages externes (aérosols anthropiques,
éruptions volcaniques, variations de l’insolation). Enfin, elle apparaît aussi comme une des
manifestations de la variabilité climatique intrinsèque telle que simulée par les modèles de
climat quand ils sont contraints par des forçages externes constants. Si l’on veut interpréter
les changements récents en Arctique, on se trouve donc dans une problématique classique de
détection et d’attribution : caractériser un signal ou plutôt une combinaison de signaux, lié
aux changements des forçages externes, en présence de bruit, associé à la variabilité
intrinsèque.
La fonte accélérée récente (depuis 1979) de la banquise Arctique et le réchauffement
océanique associé sont souvent présentés comme des signes avérés de la réponse climatique à
l’augmentation des gaz à effet de serre. Cependant, les observations régulières et spatialement
homogènes de la température et de la banquise de l’océan Arctique n’existent que depuis
1979 ce qui rend difficile la mise en perspective d’une possible émergence du signal
anthropique. Une alternative consiste à s’intéresser à l’amplification polaire sur les continents.
Les mesures instrumentales de température existent depuis le 19ème siècle et permettent
d’aborder avec plus de recul ces questions d’émergence.
Je traiterai donc de la question de l’émergence de l’amplification Arctique en tant que réponse
au forçage des gaz à effet de serre. Pour ce faire, je m’intéresserai principalement aux
températures continentales de l’hémisphère nord et à leur évolution depuis 1880. A l’aide
d’une analyse basée sur différents jeux d’observation et sur différents ensembles de
simulations climatiques, je montrerai que l’amplification Arctique continentale observée est
encore probablement fortement influencée par la variabilité interne climatique, notamment
celle associée aux changements de circulation atmosphérique, et par les autres forçages
anthropiques, en particulier ceux liés aux aérosols. Je montrerai également que les différentes
sources d’incertitude rendent très difficile une attribution complète sur les causes et
mécanismes des changements récents de température des terres Arctiques.

Contact : Masa Kageyama
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