La plateforme glaciaire de Ronne a survécu au dernier interglaciaire.

La plateforme glaciaire de Ronne a survécu au dernier interglaciaire.

L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre réchauffe notre planète à un rythme et une échelle sans précédent. Bien que le réchauffement anthropique n’ait pas d’équivalent direct dans l’histoire, les épisodes de chaleur passés de la Terre peuvent fournir des indices sur l’avenir.

Une équipe de recherche internationale a étudié l’évolution de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental au cours du dernier interglaciaire, il y a plus de 100 000 ans. Pendant cette période, les régions polaires étaient environ 3 °C plus chaudes qu’aujourd’hui et le niveau de la mer était nettement plus élevé.

Les résultats montrent que, bien que la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental ait considérablement rétréci durant le dernier interglaciaire, elle ne s’est pas complètement effondrée ; la plateforme glaciaire de Ronne, située à proximité, étant restée à peu près à son étendue actuelle.

La calotte glaciaire de l’Antarctique occidental contient suffisamment d’eau douce pour élever le niveau de la mer d’environ 3 à 4 mètres. Cette calotte est particulièrement vulnérable au réchauffement, car sa forme en cuvette permet à l’eau de mer de s’infiltrer sous son rebord et de faire fondre lentement sa base. La plateforme glaciaire de Ronne s’étend depuis la calotte vers l’océan Atlantique, formant une plateforme flottante qui agit comme un contrefort, retenant et protégeant les glaciers à l’intérieur des terres.

Les chercheurs ont foré une carotte de glace de 651 mètres de long à Skytrain Ice Rise, un dôme côtier situé à côté de la plateforme glaciaire de Ronne. Ce site est suffisamment proche de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental pour observer son rétrécissement tout en restant intact.

En datant la glace et en analysant la composition des isotopes de l’eau présents dans la carotte, les chercheurs ont découvert que la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental avait été partiellement perdue au cours de cette période, rétrécissant peut-être jusqu’à la moitié de sa masse actuelle. Ils ont également mesuré la teneur en sels marins de la carotte afin d’évaluer la quantité d’embruns et donc la proximité du site par rapport à la côte. Ce n’est pas l’effondrement catastrophique de la calotte glaciaire que certaines reconstructions de modèles avaient suggéré pour cette période. Les scientifiques disposent de preuves claires indiquant que le niveau de la mer était de plusieurs mètres au-dessus de son niveau actuel lors du dernier interglaciaire. La perte de la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental était considérée comme le principal facteur contributif.

Figure : Site de forage de la carotte de glace Skytrain

Auteurs: Eric W. Wolff, Robert Mulvaney, Mackenzie M. Grieman, Helene M. Hoffmann, Jack Humby, Christoph Nehrbass-Ahles, Rachael H. Rhodes, Isobel F. Rowell, Louise C. Sime, Hubertus Fischer, Thomas F. Stocker, Amaelle Landais, Frédéric Parrenin, Eric J. Steig, Marina Dütsch & Nicholas R. Golledge

Nature, 2025, https://www.nature.com/articles/s41586-024-08394-w