Les mangroves stockent globalement 2,6 Pg de carbone dans leurs sédiments et contribuent, avec les zones humides, à plus de 50 % de l’exportation mondiale de carbone (C) vers l’océan côtier par des flux latéraux (outwelling). Mais comprendre l‘outwelling des mangroves est difficile en raison de l’hétérogénéité et de la complexité de ces écosystèmes et de leurs réserves de carbone, ainsi que de leurs processus changeants selon les saisons.

Les mangroves sont nos forêts les plus riches en carbone et les écosystèmes de carbone bleu les plus productifs. Elles stockent globalement 2,6 Pg de carbone dans leurs sédiments et contribuent, avec les zones humides, à plus de 50 % de l’exportation mondiale de carbone (C) vers l’océan côtier par des flux latéraux (outwelling). Le carbone organique fournit environ 20 à 30 % de cet outwelling, mais une grande partie n’est pas comptabilisée dans les bilans actuels de carbone. L’Outwelling du carbone inorganique dissous (DIC) et l’alcalinité (TA) pourraient expliquer ce manque de C. Le TA contrôle en outre la capacité de l’eau à séquestrer le CO2 anthropique. Le rapport entre DIC et AT détermine la capacité tampon des mangroves et de l’océan côtier voisin face aux variations de pH. Pour boucler le bilan mondial du C, il est nécessaire de se concentrer sur le couplage des cycles terrestres et océaniques du C; il est donc urgent de mieux comprendre l‘outwelling des mangroves.
L’inclusion du flux de C des mangroves dans le bilan C global est difficile en raison de l’hétérogénéité et de la complexité de ces écosystèmes et de leurs réserves de carbone, ainsi que de leurs processus changeants selon les saisons. La rareté des mesures, tant spatiales que temporaires, constitue un obstacle supplémentaire. De plus, l’échantillonnage dans ces écosystèmes est assez complexe en raison des conditions difficiles (accessibilité limitée, salinité élevée et/ou grande amplitude des marées). L’analyse des échantillons est difficile en raison de la large gamme de salinité et des fluctuations du signal de détection du δ13C à faibles concentrations de DIC. Par conséquent, malgré leur importance connue sur le bilan carbone global, d’importantes lacunes dans les connaissances rendent le calcul du bilan carbone des mangroves très incertain. Il est essentiel de recueillir de nouvelles données afin de comprendre comment les fluctuations saisonnières pourraient influencer le rôle des écosystèmes de mangrove sur le flux de carbone et, par conséquent, sur l’acidification des océans côtiers.

Dans le cadre du projet DOICOM, une collaboration entre l’ENS, le LMD et le LSCE (France), le CEAB-CSIC (Espagne), dans le cadre du LMI TAPIOCA IRD-MARBEC (France) et l’UFPE, l’UFRPE (Brésil), et financée par l’IPSL, nous comblons certaines lacunes identifiées dans nos connaissances. Nous analyserons des échantillons d’eau pour déterminer le DOC, le DIC, le TA et le δ13C de deux écosystèmes de mangrove différents en Gambie (saison sèche et humide) et au Brésil (mensuellement), afin de mieux comprendre la diffusion du carbone dans différents systèmes de mangrove en fonction des saisons. Les premiers échantillons sont arrivés de Gambie grâce à SALBIA, un projet du ministère espagnol des Sciences et sont en cours d’analyse.
Une campagne de terrain de 36h, avec des échantillonnages toutes les 2h, se déroulera mi-novembre dans le Canal de Santa Cruz, au Brésil, ainsi qu’un échantillonnage mensuel qui durera jusqu’en 2026 dans le cadre du projet CHEMTRAIL (LEFE, fondé par IREMER).
A. Stegehuis

