La grotte Chauvet à Vallon-Pont-d’Arc en Ardèche a été découverte le 18 décembre 1994. Elle est inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis le 22 juin 2014 car elle représente un chef d’œuvre du génie créateur humain avec 435 figurations animales recensées et un témoignage unique sur une civilisation disparue (UNESCO).
C’est en 1995 que les premiers prélèvements sur les parois de la grotte Chauvet ont été effectués sur cinq marques charbonneuses d’œuvres graphiques pariétales correspondant aux deux rhinocéros affrontés, au grand bison, à la vache, le cheval ainsi que deux mouchages de torches (Valladas et al., 2001, Nature, Vol 41).

Ces premières datations radiocarbone (14C) ont permis de mettre en évidence la fréquentation humaine de cette grotte et de décrire la faune qui existait tels que les mammouths, les mégacéros, les rhinocéros, les félins, les bisons, les ours, les chevaux, les aurochs, les bouquetins, les cerfs …
Par la suite, de nouveaux prélèvements sur l’art pariétal de Chauvet ont été effectués lors de nouvelles campagnes de terrain en 1998, 1999, mai 2000, avril 2009, mars 2012 et plus récemment en mars 2022.
Les charbons prélevés ont été traités chimiquement pour éliminer toutes traces de contaminants, puis oxydés en présence de cuivre et d’un fil d’argent en dioxyde de carbone pour ensuite être réduits en présence d’hydrogène et de fer en graphite et compactés dans une cible.

Les échantillons ont été analysés jusqu’en 2012 sur le spectromètre de masse par accélérateur Tandetron, puis à partir de 2013 sur le spectromètre de masse par accélérateur ARTEMIS.
Depuis 2018, les datations radiocarbone sur l’art pariétal ont été obtenues sur une nouvelle génération de spectromètre de masse par accélérateur appelé ECHoMICADAS. Cet instrument a permis de diminuer la quantité de charbons de bois prélevée sur les échantillons d’art pariétal (de l’ordre de 2 à 3 milligrammes). Ils sont préalablement traités chimiquement puis transformés en présence d’oxygène pur sous forme de CO2 sur une ligne à vide dédiée appelée « microligne » qui permet de collecter dans des micro-tubes entre 150 µg et 25 µg de carbone.

La dernière mission réalisée par N. Tisnérat-Laborde, H. Valladas et C. Fritz en 2022 dans la grotte Chauvet a permis de prélever des micro-charbons de bois de pin (Pinus sylvestris/nigra) dans la salle du fond sur les lions, un bouquetin et le pendant de la Vénus…

Les datations directes obtenues sur les dessins noirs en charbon ont confirmé deux périodes d’occupation de la cavité avec une phase ancienne aurignacienne entre 37 et 34 000 ans et une seconde phase plus récente gravettienne entre 34 000 ans et 25 000 ans.
Ces résultats ont permis de montrer qu’il y a 37 000 ans, l’Homme étaient déjà capable de réaliser des chefs d’œuvre.
Référence : Valladas H, Clottes J, Geneste J-M, Garcia MA, Arnold M, Cachier H, Tisnérat-Laborde N. 2001. Palaeolithic paintings: evolution of prehistoric cave art. Nature 413(6855):479