Davide Faranda, chercheur CNRS au LSCE, qui a été élu président de la division « Nonlinear Processes » de l’EGU nous présente l’Union Européenne des Géosciences, ses missions et ce qu’il souhaiterait implémenter pendant son mandat.

Davide, félicitations pour votre élection à la présidence de la division « Nonlinear Processes » de l’EGU ! Pour commencer, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est l’EGU et quels sont ses objectifs ?
Davide Faranda : Merci beaucoup ! L’EGU, ou Union Européenne des Géosciences, est l’une des plus grandes organisations scientifiques au monde, dédiée à la géoscience. Fondée en 2002, l’EGU regroupe plus de 20 000 membres issus de plus de 100 pays. Elle a pour objectif de promouvoir la recherche scientifique dans les géosciences, en facilitant la communication entre chercheurs, en organisant des conférences internationales, et en contribuant à la diffusion des connaissances au sein de la communauté scientifique et au-delà. La division « Nonlinear Processes » se concentre spécifiquement sur les phénomènes dynamiques non linéaires, qui sont essentiels pour comprendre des systèmes complexes dans les géosciences, comme le climat ou les systèmes atmosphériques.
Quel est précisément le rôle de président de cette division ?
En tant que président, mon rôle est de guider la division en mettant en avant les recherches pertinentes dans le domaine des processus non linéaires, de favoriser les échanges entre chercheurs, et de soutenir la création de nouvelles collaborations. Je supervise également l’organisation des sessions lors des conférences annuelles de l’EGU, où nous présentons les dernières avancées scientifiques. Une autre responsabilité importante est de contribuer à orienter les futurs projets de la division, en lien avec les grandes problématiques des géosciences non linéaires, notamment l’impact du changement climatique.
Vous avez mentionné des projets pour le futur de la division. Quelles sont les missions que vous souhaitez mettre en avant pendant votre mandat ?
Oui, en effet, il y a plusieurs axes que je souhaite développer durant mon mandat. Tout d’abord, un de mes objectifs majeurs est de pousser davantage l’inclusion des jeunes chercheurs dans les discussions et les projets de la division. Il est crucial d’offrir aux jeunes talents des opportunités pour se faire connaître et s’engager dans des projets internationaux. Cela passe par l’organisation de sessions dédiées et de mentorat, mais aussi par la facilitation des collaborations entre chercheurs expérimentés et plus jeunes.
Je souhaite également promouvoir la diversité, non seulement en termes de genre et de géographie, mais aussi en termes de parcours scientifiques. Les géosciences non linéaires bénéficient grandement de perspectives variées, et c’est en multipliant ces points de vue que nous pourrons avancer dans notre compréhension de ces phénomènes complexes.
Un autre axe qui me tient particulièrement à cœur est de prendre en compte les défis liés à l’intelligence artificielle dans le domaine des géosciences. L’IA peut être un outil puissant pour analyser de grandes quantités de données, mais elle pose aussi des défis méthodologiques et éthiques. Je veux que la division s’engage à la fois dans l’exploitation de ces technologies tout en développant des cadres rigoureux pour les utiliser de manière responsable.
Enfin, je pense qu’il est important de réorienter la division pour qu’elle s’intéresse davantage aux approches méthodologiques communes à l’ensemble des géosciences. Les méthodes que nous développons dans le domaine des processus non linéaires sont souvent applicables à d’autres sous-domaines, comme la géophysique ou les sciences de l’atmosphère. Je souhaite donc encourager une approche plus interdisciplinaire, afin que nos recherches bénéficient à l’ensemble de la communauté scientifique des géosciences.
C’est un programme ambitieux ! Vous avez également une expertise en climatologie, pouvez-vous nous en dire plus sur vos thématiques de recherche ?
Oui, ma recherche porte sur les extrêmes climatiques et la façon dont les phénomènes de circulation atmosphérique peuvent être attribués au changement climatique. J’utilise des outils issus de la physique statistique et de la théorie des systèmes dynamiques pour mieux comprendre comment les événements extrêmes, comme les vagues de chaleur ou les tempêtes, se produisent et se modifient sous l’influence de l’activité humaine. Mon objectif est d’améliorer les méthodes d’attribution des événements climatiques extrêmes au réchauffement climatique, tout en intégrant des approches d’intelligence artificielle pour affiner les prévisions et comprendre ces phénomènes complexes.
On vous souhaite beaucoup de succès dans ce nouveau rôle à l’EGU.