Les âges du carbone des sols sont biaisés : la présence de carbone ancien sans radiocarbone gonfle les temps de résidence moyens (MRT). En l’estimant selon le matériau parental, le type de sol et la profondeur, nous proposons une correction clé pour affiner les projections.

Les sols stockent une grande quantité de carbone et jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Pourtant, leur capacité réelle à accumuler du carbone reste incertaine : les modèles climatiques prévoient un fort stockage d’ici 2100, alors que les mesures basées sur le radiocarbone concluent souvent à un potentiel beaucoup plus limité.
Une partie de cette divergence s’explique par la présence de carbone très ancien, issu de roches ou de matière organique fossilisée. Ce carbone « sans radiocarbone » ne participe plus au cycle actuel et donne l’impression que le carbone du sol est beaucoup plus vieux qu’il ne l’est en réalité.
En analysant 313 sols du monde entier, nous avons quantifié la proportion de ce carbone ancien selon le matériau parental, le type de sol et la profondeur. Nos résultats indiquent une teneur moyenne en aOC de 2,4 mg/g (± 3,2 écart-type), représentant jusqu’à 11% du carbone organique dans les horizons de surface (0 – 30 cm), 25% dans les horizons intermédiaires (30 – 100 cm) et plus de la moitié dans les sols profonds (> 100 cm).
Une fois ce carbone ancien soustrait, nous obtenons un âge moyen corrigé du carbone réellement actif dans les sols : environ 290 ans, contre plusieurs millénaires dans les estimations précédentes. Cette valeur, bien plus faible, correspond mieux aux autres indicateurs indépendants et permet d’affiner les modèles climatiques.
Référence : Copard Y., Hatté C., Cécillon L., Barré P., Chenu C., Cornu S., 2025. Soil carbon dynamics reshaped by ancient carbon quantification. Global Change Biology, 31:e70482 – doi: 10.1111/gcb.70482