Le long des côtes du nord de l’Alaska, dans un environnement de toundra sans arbres, la principale ressource en bois pour les populations côtières est le bois flotté, une ressource saisonnière et exogène transportée par les principaux fleuves de l’ouest de l’Amérique du Nord. Le potentiel du bois archéologique côtier de l’Alaska pour la recherche sur les anneaux de croissance a été évalué pour la première fois dans les années 1940 par l’archéologue et pionnier de la recherche sur les anneaux de croissance J. L. Giddings (figure 1). Malgré son succès, les difficultés des études dendrochronologiques sur le bois flotté et le développement de la datation au radiocarbone au cours des années 1950 ont entraîné le quasi-abandon de la dendrochronologie pour la datation précise des sites archéologiques et la construction de longues séquences à l’aide de bois archéologique en Alaska. Dans cette étude, nous avons exploré les possibilités et les limites des méthodes dendrochronologiques standard de largeur de cerne pour la datation du bois archéologique de la côte de l’Alaska. Nous nous concentrons sur le site de Pingusugruk, un site Thulé tardif (15e-17e CE) situé à Point Franklin, dans le nord de l’Alaska. Les résultats préliminaires ont été obtenus à partir des analyses dendrochronologiques standard de 40 coupes transversales de bois provenant de deux maisons semi-souterraines à Pingusugruk (figure 2). Nous avons mis en corrélation des séries individuelles de largeur de cernes et construit des chronologies flottantes entre les maisons avant de les dater avec les chronologies maîtresses régionales de 1000 ans existantes des fleuves Kobuk et Mackenzie (disponibles dans l’International Tree-Ring Databank, ITRDB). Ces résultats préliminaires confirment le potentiel de la dendrochronologie pour une meilleure compréhension de la période de Thulé sur les changements climatiques et culturels. Des travaux supplémentaires sur diverses collections dendro-archéologiques utilisant une approche interdisciplinaire (analyses géochimiques des isotopes de l’oxygène et datation au radiocarbone) permettront de développer et d’étendre les chronologies régionales des cernes et les séquences climatiques des cernes en Alaska.
Référence : Taïeb J., Alix C., Juday G.P., Jensen A. M., Daux V. Dating coastal archaeological wood from Pingusugruk (15th-17th CE), Northern Alaska. International Journal of wood culture 2, 1-28.

Figure 1: Régions des trois chronologies régionales millénaires de Master avec l’emplacement des sites et/ou des peuplements d’arbres contribuant à chaque chronologie : A. Rivière Firth (modifié d’après D’Arrigo et al. 2006), B. Delta du Mackenzie (modifié d’après Porter et al. 2013) et C. Rivières Kobuk/Noatak (modifié d’après Giddings, 1948, 1952 ; Graumlich & King, 1997).

Figure 2: Bois d’architecture avant l’échantillonnage et section transversale correspondante.
