La grotte de Saint-Marcel est connue pour son vaste réseau (64 km de galeries) et son histoire d’occupation humaine (Paléolithique moyen et Néolithique) dans la zone d’entrée.
L’observation attentive du réseau principal révèle des zones avec de fortes concentrations de spéléothèmes brisés, qui sont généralement attribuées aux premières visites touristiques du dix-neuvième siècle. Cependant, la cartographie archéo-géomorphologique des spéléothèmes brisés, dont beaucoup reposent sur le sol et sont scellés par une repousse ou une croûte de stalagmites, indique une organisation intentionnelle de l’espace souterrain en zones d’approvisionnement en spéléothèmes et en zones dans lesquelles les spéléothèmes ont été utilisés pour construire des structures. Les estimations de l’âge des scellements de stalagmites sur ces structures d’origine humaine suggèrent que ces dernières résultent d’une activité humaine qui s’est déroulée entre la fin du Paléolithique supérieur et le Mésolithique européen. Ces estimations d’âge changent radicalement notre regard sur les spéléothèmes brisés de la grotte de Saint-Marcel et sur les structures qui leur sont associées. Elles mettent en évidence l’engagement des communautés humaines passées dans l’environnement souterrain profond, à plus de 1,5 km de l’entrée de la grotte, auquel on ne peut accéder qu’en franchissant des obstacles (fosses) qui, aujourd’hui, sont considérés comme difficilement franchissables. Nos découvertes et les recherches en cours soulignent la signification archéologique sans équivoque de la grotte.
Référence: J.‑J. Delannoy, J. Kemper, St Jaillet, E. Pons‑Branchu, S. Vandevelde, A. Dapoigny, D. Dupuy. Investigating Human Activities in Caves Through the Study of Broken Stalagmite Structures: The Case of the Saint‑Marcel Cave (France) During the Early Holocene. Journal of Archaeological Method and Theory. DOI: 10.1007/s10816-024-09649-6