1 100 km en Antarctique pour mieux comprendre l’évolution de la calotte glaciaire  

1 100 km en Antarctique pour mieux comprendre l’évolution de la calotte glaciaire  

La montée des eaux à venir dans le contexte de réchauffement climatique est particulièrement dépendante de la quantité d’eau emmagasinée sous forme de neige et de glace dans la calotte glaciaire Antarctique. Mais par quels processus atmosphériques la neige s’accumule-t-elle chaque jour à la surface de la calotte glaciaire ?

Pour améliorer notre connaissance des aspects atmosphériques du cycle de l’eau et de la formation de neige en Antarctique, le projet ERC Synergy AWACA (LSCE/CEA – LMD & LATMOS/CNRS -LMD/EP -EPFL) vise à effectuer des mesures de terrain d’une ampleur inédite. Les observations obtenues sur notre climat permettront de grandement perfectionner les simulations climatiques numériques. À terme, l‘objectif est de reconstruire la variabilité climatique de l’Antarctique sur le dernier millénaire et de prédire celle des 100 prochaines années.

Du 2 décembre 2024 à mi-janvier 2025, un raid scientifique conçu par l’Institut polaire (auquel participe O. Jossoud et T. Lauwers pour le LSCE) permettra le déploiement des instruments de mesure et d’observation le long d’un axe de 1 100 km représentatif des différentes régions climatiques de l’Antarctique de l’Est, depuis la station Dumont d’Urville sur la côte, jusqu’à la station Concordia au centre du plateau Antarctique. Cet axe est aligné sur la trajectoire typique de masses d’air transportant l’humidité de l’océan vers l’intérieur du continent. 

Préparation du départ du raid (crédit N. Pernin / IPEV).

Les systèmes d’observation spécialement conçus pour le projet fourniront des données précises sur les propriétés des gouttelettes et des cristaux qui forment les nuages et les précipitations et la façon dont ils contribuent à l’accumulation de la neige en surface. Une large partie du projet est également consacrée à l’étude des isotopes de l’eau, sources d’informations précieuses sur l’origine des masses d’air et leurs changements d’états successifs.

Une fois en place, les systèmes d’observations effectueront des relevés de manière continue et en totale autonomie pour ceux situés hors des stations permanentes, y compris pour ce qui relève de la production des 1000 W d’énergie nécessaire à leur fonctionnement. Ils sont prévus pour opérer pendant au moins trois ans dans les conditions climatiques extrêmes de l’Antarctique, avec une maintenance annuelle assurée par les équipes lors des campagnes d’été antarctique via le déploiement de raids de contrôle.

Vue d’un système d’observation et les caravanes du raid en arrière-plan (crédit O. Jossoud / IPEV).