Atteindre le 50°C à Paris dans l’ensemble des simulations climatiques CMIP6

Atteindre le 50°C à Paris dans l’ensemble des simulations climatiques CMIP6

Nous étudions comment et quand la température pourrait dépasser 50°C à Paris dans les simulations des modèles climatiques CMIP6 pour le 21ème siècle.

Pascal Yiou, LSCE, ESTIMR

Motivations

Atteindre une température de surface de 50°C dans une région très peuplée comme Paris aurait des effets dévastateurs. Bien qu’une telle valeur semble loin du record actuel de 42,6°C, son occurrence ne peut être écartée d’ici la fin du 21e siècle, en raison de l’augmentation continue de la température moyenne mondiale. Dans cet article, nous répondons à deux questions posées par la ville de Paris à un groupe de scientifiques : Quand cet événement devient-il probable ? Quelles sont les conditions météorologiques dominantes ? Nous basons notre étude sur l’ensemble de simulations CMIP6. De nombreuses simulations CMIP6 présentent des biais de température. Plutôt que d’utiliser des méthodes de correction de biais, qui ne sont pas nécessairement adaptées aux extrêmes élevés, nous proposons une approche pragmatique de sélection de modèles afin de rechercher des événements de températures élevées jugés réalistes. Nous analysons les conditions météorologiques qui conduisent aux premières occurrences de ces événements chauds et leurs modèles atmosphériques communs. Cet article (Yiou et al., 2024) décrit une approche simple d’exploration de données (sur un grand ensemble de simulations de modèles climatiques) qui pourrait être adaptée à d’autres régions du monde, afin d’aider les décideurs à anticiper et à s’adapter à de tels événements météorologiques dévastateurs.

Synthèse des résultats

Nous avons identifié des événements correspondant à une augmentation modérée de la température moyenne à la surface du globe (GMST) (entre 2,1 et 2,8 °C). Ces événements s’accompagnent d’une vague de nuits tropicales (températures minimales supérieures à 20°C), ce qui exacerberait les effets sur la santé d’une température supérieure à 50°C pendant la journée. 

Certains des événements survenus à Paris correspondent à des événements de plus grande ampleur, où la température dépasse 50°C (par exemple, dans le sud-ouest de la France) et où la température dépasse 40°C dans de grandes parties du pays. Par conséquent, une crise à Paris se répercuterait également dans d’autres régions de France, où les températures pourraient même être plus élevées, en particulier dans les zones urbaines. Nous n’avons pas quantifié la probabilité de dépasser ce seuil élevé, car il est rarement observé plus d’une fois dans chaque simulation. Cette probabilité est jugée négligeable pour une augmentation de la température de surface inférieure à 2°C au cours des deux prochaines décennies. Elle passe à ~1% de chances si la température à la surface du globe augmente de 2,7°C (Figure 1). 

Si la température de surface globale (GMST) augmente de plus de 4°C depuis 1950-2000, la probabilité de tels événements chauds augmente considérablement dans la base de données CMIP6.

Figure 1:Distributions des valeurs d’augmentation de la GMST lorsque TX>48°C à Paris, à partir des lignes de base de référence de la GMST en 1950-2000. Les barres verticales indiquent toutes les occurrences de TX>48°C. Les couleurs indiquent le scénario SSP des occurrences de TX>48°C. La ligne noire est une fonction de densité de probabilité empirique de l’année d’occurrence de TX>48°C (Yiou et al., 2024).

Nous avons montré que les conditions à grande échelle qui prévalent pendant ces événements chauds correspondent à des états El Niño et à une AMO intense. Ces caractéristiques à grande échelle tendent à augmenter la température de surface dans les latitudes moyennes septentrionales.  

Références

Yiou, P., Vautard, R., Robin, Y., de Noblet-Ducoudré, N., D’Andrea, F., and Noyelle, R.: How could 50 °C be reached in Paris: Analyzing the CMIP6 ensemble to design storylines for adaptation, Climate Services, 36, 100518, https://doi.org/10.1016/j.cliser.2024.100518, 2024.