Les séquences loess-paléosols du Dernier Glaciaire en Europe de l’Ouest  : un enregistrement continental de la cyclicité climatique millénaire et des événements extrêmes.

Le 17 mars 2016
Pierre Antoine
Le 17/03/2016
de 11h00 à 12h00

La ceinture loessique européenne (European Loess Belt) constitue l’archive continentale la plus étendue du Dernier glaciaire dans l’hémisphère nord. Sa partie occidentale, directement sous influence des fluctuations climatiques de la zone Atlantique Nord et des grandes calottes glaciaires, est idéalement située pour enregistrer l’impact des variations climatiques rapides. Dans le cadre des recherches menées sur la mise en évidence de l’impact de ces variations abruptes du climat sur les environnements continentaux européens, les travaux basés sur l’analyse multi-proxy en continu et à haute résolution des séquences loessiques et leur datation ont débouché sur la mise en évidence de l’extrême sensibilité des environnements loessiques et périglaciaires européens aux cycles climatiques millénaires (Dansgaard-Oeschger). Celle-ci se manifeste, au sein d’une succession pédostratigraphique riche et complexe, par la succession de nombreux cycles loess-sols (sols bruns arctiques et gleys de toundra). Par ailleurs, sur la base de corrélations entre les variations des paramètres granulométriques des loess et des taux de poussière dans la glace du Groenland, l’existence d’une connexion forte entre les dynamiques éoliennes des hautes latitudes de l’Atlantique Nord et de l’Ouest de l’Europe via la circulation atmosphérique a été proposée. La démarche pédo-stratigraphique, qui met l’accent sur les nombreux horizons repères pédo-stratigraphiques ou périglaciaires présents à l’échelle de l’Ouest de l’Europe, débouche sur la mise en place d’un canevas cohérent au niveau ouest-européen. Dans ce contexte, une succession d’horizons périglaciaires associé à des indicateurs de permafrost de valeur régionale comportant au moins quatre niveaux principaux de réseaux de grandes pseudomorphoses de coins de glace entre ± 45 et 28 ka a été mise en évidence. Ces structures, qui apparaissent aussi dans les séquences des régions limitrophes alors qu’elles sont absentes des séquences d’Europe centrale, sont caractéristiques des régions du nord-ouest de l’Europe et d’un permafrost riche en glace. Cette dernière caractéristique a pour corolaire la libération de grandes quantités d’eau dans le système à l’origine de structures d’érosion thermokarstique au cours des épisodes de réchauffement rapide associés à certains interstadiaires. Enfin, le canevas pédo-stratigraphique et chrono-climatique proposé sur la base de l’analyse des séquences loessiques constitue une base solide pour la discussion de relations Homme-environnement au cours du dernier cycle climatique interglaciaire-glaciaire.

Laboratoire de Géographie Physique, Environnements quaternaires et actuels