Le mélange diapycnal dans les profondeurs de l’océan est largement alimenté par les ondes de marées internes. Les schémas de mélange qui représentent le déferlement des ondes internes sont maintenant couramment inclus dans les modèles d’océan et de système Terre appliqués au présent et futur. Cependant, c’est plus rarement le cas dans les simulations climatiques se focalisant sur des intervalles de temps du passé lointain de la Terre, pour lesquels l’estimation de l’énergie dissipée par les marées n’est pas toujours disponible. Nous présentons et analysons deux simulations de l’Eocène Inférieur réalisées avec le modèle de système terrestre IPSL-CM5A2 dans le cadre de DeepMIP.
L’une des simulations inclut le mélange par dissipation locale des ondes internes, tandis que l’autre non. Nous montrons comment l’inclusion de ce mélange modifie la circulation océanique profonde et, par conséquent la biogéochimie marine à grande échelle, en particulier les distributions d’oxygène dissous. Dans nos simulations, l’absence de mélange dû aux marées conduit à un océan profond relativement stagnant et peu ventilé dans l’Atlantique Nord, ce qui favorise le développement d’un large volume d’eaux pauvres en oxygène, à la limite de l’anoxie complète. L’absence d’enregistrements anoxiques à cette échelle spatiale dans l’océan profond postérieure au Crétacé suggère qu’un tel état de l’océan ne s’est probablement jamais produit au cours du Paléogène. Cela souligne la nécessité pour les modèles climatiques appliqués aux paléoclimats « deep-time » d’intégrer la variabilité spatiale du mélange induit par les marées, ainsi que le potentiel d’utilisation des composantes biogéochimiques des modèles de système Terre pour exclure certains états dynamiques aberrants des modèles.
Auteurs : Jean-Baptiste Ladant, Jeanne Millot-Weil, Casimir de Lavergne, J mattias Green, Sébastien Nguyen, Yannick Donnadieu
Papier : https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2023PA004822