Le réchauffement climatique va considérablement accroître les risques sanitaires liés à la fumée des feux de forêt d’ici la fin du siècle

Le réchauffement climatique va considérablement accroître les risques sanitaires liés à la fumée des feux de forêt d’ici la fin du siècle

Le réchauffement climatique va considérablement accroître les risques sanitaires liés à la fumée des feux de forêt d’ici la fin du siècle


Une nouvelle étude internationale avertit que le changement climatique va intensifier les feux de forêt dans le monde entier, augmentant considérablement leur impact sur la santé humaine et remodelant les schémas mondiaux d’inégalité.

À l’aide d’un cadre d’apprentissage automatique interprétable, les chercheurs ont projeté l’activité future des feux de forêt et leurs impacts dans des scénarios de réchauffement moyen et élevé. Ils ont constaté que les émissions mondiales de carbone provenant des incendies pourraient augmenter de 23 % dans le cadre d’une trajectoire modérée et de plus de 50 % dans le cadre d’une trajectoire intensive en combustibles fossiles d’ici 2100. Si les régions tropicales resteront la principale source d’émissions provenant des incendies, les régions nordiques de latitude moyenne et élevée devraient connaître la croissance la plus rapide de l’activité incendiaire.

Les conséquences pour la qualité de l’air et la santé humaine sont graves. L’exposition aux particules fines (PM2,5) provenant des incendies de forêt cause actuellement environ 240 000 décès prématurés chaque année. D’ici la fin du siècle, ce nombre pourrait être multiplié par six à neuf, atteignant jusqu’à 2,2 millions de décès par an. Si l’on tient compte de la toxicité plus élevée de la fumée des incendies de forêt, le bilan pourrait être encore plus lourd.

L’Afrique devrait connaître les augmentations les plus fortes, avec une multiplication par 17 des décès liés aux incendies, en partie en raison du vieillissement rapide de sa population. Les régions plus riches comme l’Europe et les États-Unis ne sont pas épargnées, les risques de mortalité étant multipliés par sept à huit à mesure que les incendies de forêt se propagent dans l’hémisphère nord. L’étude révèle également que les aérosols induits par les incendies peuvent temporairement renforcer le refroidissement dans certaines régions, mais cela ne compense pas les effets à long terme du réchauffement causé par les émissions de gaz à effet de serre provenant des incendies.

L’analyse montre surtout que les schémas traditionnels d’inégalité sont en train de changer : les décès liés aux incendies ne seront plus concentrés uniquement dans les pays les plus pauvres. Les pays à revenu élevé devraient supporter une part croissante du fardeau sanitaire, ce qui souligne le caractère mondial du défi que représentent les incendies de forêt. Les auteurs soulignent que les réglementations actuelles en matière de qualité de l’air, qui visent principalement la pollution industrielle et celle liée aux transports, sont insuffisantes pour protéger les populations de la fumée des incendies de forêt. Ils appellent à investir de toute urgence dans la gestion des incendies, l’aménagement du territoire et la coopération internationale afin d’atténuer les risques sanitaires croissants dans un monde en réchauffement.

Contact LSCE Philippe Ciais
Junri Zhao, Bo Zheng, Philippe Ciais, Yang Chen, Thomas Gasser, Josep G. Canadell, Longyi Zhang & Qiang Zhang, Global warming amplifies wildfire health burden and reshapes inequality. Nature https://doi.org/10.1038/s41586-025-09612-9 (2025)