ANR CASIMODO

Présentation

Optimum climatique médiéval et développement socio-économique : étude de la charpente en bois de Notre-Dame de Paris et de ses conséquences sur la restauration

  • Coordination : A. Dufraisse (AASPE). Coordination LSCE : V. Daux
  • Partenaires : AASPE, LSCE, CREAAH, Chrono-Environnement, Université de Liège, DST, University of Freiburg, SILVA
  • Financement : 660 k€
  • Durée du projet : 2021-2024

La charpente en chêne de Notre-Dame de Paris (NDP) est l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la charpentrie gothique en France. Elle a été construite au cours du Moyen Âge, entre le 11e et le 13e siècle, à une époque où de profonds changements environnementaux et sociétaux – optimum climatique, forte croissance démographique et économique – ont créé une pression importante sur les ressources forestières disponibles, l’un des principaux moteurs économiques des sociétés médiévales. La destruction de la charpente de NPD dans l’incendie du 15 avril 2019 a laissé des milliers de fragments de poutres de chêne carbonisées. Analyser cette « forêt », c’est remonter le temps, en reconstruisant les forêts des siècles passés et en restaurant ce patrimoine pour le public.
Le projet CASIMODO vise à comprendre l’impact des facteurs climatiques et anthropiques sur l’évolution du socio-écosystème forêt-bois entrer les 11e et 13e siècles en Île-de-France et dans le Bassin parisien: forêt, gestion de la matière première bois et produits finis manufacturés. Le projet propose trois axes de recherche pour aborder la réponse adaptative de la société à la disponibilité des ressources en bois pendant cette période. Le premier objectif est de définir le contexte climatique et socio-économique de Paris. Afin d’identifier les adaptations techniques potentielles de la société médiévale, le second objectif est d’étudier la charpente en bois d’un point de vue archéologique afin de caractériser les techniques de construction et les modes d’approvisionnement du chantier. Le troisième objectif consiste à caractériser les peuplements forestiers exploités aux 11e et 13e siècles, leur gestion et les éventuels systèmes sylvicoles mis en place pour une production de bois adéquate. L’objectif global de CASIMODO est de permettre une meilleure compréhension de l’évolution d’une zone économique soumise à des pressions climatiques, sociétales et démographiques, par le biais du cycle de vie du bois.
Nous proposons de développer une approche intégrée en combinant histoire, archéologie, et bioarchéologie. Les arbres enregistrent les variations de son environnement, chaque cerne de croissance annuel contenant un moyen de datation et un ensemble de marqueurs anatomiques et chimiques fournissant des informations sur la structure de la forêt, l’origine géographique du bois et le climat passé. Ces informations seront comparées à des données contemporaines sur le bois provenant de structures médiévales civiles et religieuses du nord de la France, du sud de la Belgique et de l’ouest de l’Allemagne. Les archives textuelles et les données paléoenvironnementales/bioarchéologiques de sites archéologiques médiévaux en Île-de-France et dans le bassin parisien seront également intégrés.
En faisant écho au contexte de menace écologique actuelle, ce projet aborde les problèmes récurrents des relations entre l’homme et la nature, et s’inscrit dans le thème des sociétés face aux changements environnementaux. Une meilleure documentation de la variabilité temporelle et spatiale des climats mondiaux passés est nécessaire pour mieux anticiper les impacts possibles du changement climatique futur. CASIMODO peut fournir des indices indirects sur l’ampleur de la déforestation, voire des catastrophes naturelles et des épidémies connexes comme la peste. La datation radiocarbone est encore entravée par l’imprécision des dates obtenues pour certaines périodes. L’établissement d’une courbe de calibration radiocarbone à partir des bois de Notre-Dame constituera un outil central de la science moderne (biologie, écologie, géologie, histoire, archéologie.). Un progrès dans ce sens sera donc un grand pas en avant pour une très grande partie de la communauté scientifique.