De la céramique archéologique à la chronologie

De la céramique archéologique à la chronologie

Cet article fait la synthèse des développements méthodologiques pour la datation de composés lipidiques individuels contenus dans les céramiques archéologiques, ainsi que des premières applications de cette méthode.

Les céramiques archéologiques sont de précieuses archives du passé. Leurs typologie et décorations permettent de dater relativement les sites archéologiques mais leur datation absolue par la méthode du radiocarbone est beaucoup plus complexe.

Depuis le milieu des années 2010 de nouveaux développements méthodologiques ont été centrés sur la datation de restes organiques de nourriture préservés dans la matrice argileuse. Cette approche cible des molécules individuelles provenant de graisses animales dégradés d’origine archéologique. Elle permet donc de s’affranchir de contaminations extérieures dérivant de milieu d’enfouissement, de la manipulation, du stockage post-fouilles ou de la procédure de traitement chimique en amont de la datation. Avec cette méthode deux acides gras sont datés, ce qui permet d’avoir deux mesures par céramique et un contrôle qualité interne.

Collecteur de fractions couplé à une chromatographie en phase gazeuse. Les composés cibles extraits de la matrice des céramiques et sont séparés par chromatographie des contaminants extérieurs puis sont piégés dans les pièges en laine de verre contenus dans les trappes pour être mesurés par la méthode du radiocarbone.

La méthode a été tout d’abord développée sur graisses provenant de « beurres de tourbières » Irlandais ce qui a mené à la création de nouveaux standards radiocarbone pour la datation d’acides gras individuels. Elle a ensuite été validée par la datation de céramiques archéologique provenant de sites d’âges connus avec des conditions de préservations très variées. La validité des cette méthode ouvre tout un panel de possible pour les études chronologiques de sites et céramiques archéologiques. A ce jour une quinzaine d’articles présentent des datation radiocarbones sur composés individuels provenant de céramiques archéologiques. Ces études ont été réalisées pour répondre à diverses questions. On peut citer la résolution de la chronologie de sites archéologiques dépourvus de restes classiques (os, charbons…) communément employés, pour les datations radiocarbones, la précision de chronologie relative établie sur des céramiques archéologiques, le contrôle qualité sur les analyses de résidus lipidiques de céramiques et la datation de denrées alimentaires spécifiques. Cette dernière application a été déclinée sur l’exploitation laitière de populations pastorales à travers l’Europe et l’Afrique, l’exploitation des produits d’équidés en Asie centrale et l’exploitation de ressources marines par des populations côtières.

Référence : Casanova, E., 2023. De la céramique archéologique à la chronologie. ArchéoSciences, n°47(2), 225-239, 2023, doi:10.4000/archeosciences.12237