L’histoire du qin « Qiulai » élucidée par la datation au radiocarbone, les inscriptions chinoises et la caractérisation des matériaux

Une ancienne cithare de table qin, instrument à cordes emblématique de la musique traditionnelle chinoise, a été redécouverte dans la collection du Conservatoire National des Arts et Métiers (inv.4224, collection CNAM), Paris. Cet instrument appelé qin « Qiulai », dont l’origine est mal documentée, peut se targuer d’être l’un des plus anciens qin conservés dans les collections européennes ; son état de conservation est exceptionnel. Un examen approfondi a été réalisé sur la base d’une approche innovante combinant l’expertise muséale, les analyses de caractérisation des matériaux (microscopie optique, imagerie VIS/IR/UV, fluorescence X, SEM-EDS, Raman) et la technologie avancée de datation par le radiocarbone (MICADAS).

Nos résultats mettent en évidence la grande cohérence avec les pratiques de fabrication traditionnelles mentionnées dans les traités et poèmes qin du début de la dynastie Qing, en particulier la collecte de matériaux aux significations hautement symboliques faisant référence au son qin, à la nature et à l’univers. La réutilisation du bois résineux de la famille des Taxus dans un bâtiment tel qu’un temple a été démontrée. La couche de cendres contient du noir d’os, de la malachite broyée et des résidus de silice, d’ocres, d’aluminosilicates de potassium et de magnésium. Notre étude confirme l’ancienneté du qin « Qiulai » en Europe en indiquant qu’il a très probablement été fabriqué dans le petit intervalle [1659-1699] d’environ 30 ans au tournant du dix-huitième siècle.

Référence : Durier M.-G., Girard-Muscagorry A., Hatté C., Fabris T., Foasso C., Nowik W., Vaiedelich S. , 2021. Heritage Science, 9:89 – doi: 10.1186/s40494-021-00563-8