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31 mai 2021
Premiers résultats issus de l’exercice d’intercomparaison DeepMIP sur l’Eocène Inférieur (55 – 50 Ma)
Premiers résultats issus de l’exercice d’intercomparaison DeepMIP sur l’Eocène Inférieur (55 – 50 Ma)

Figure 1. (a) Moyenne annuelle globale de température de surface (GMST) par rapport à la concentration en CO2. (b) Différence de SST entre les tropiques et les hautes latitudes par rapport à la moyenne annuelle globale de SST. Les résultats des simulations Eocène (préindustrielles) issues de DeepMIP sont représentés par les gros (petits) symboles colorés. Les résultats des simulations Eocène antérieures sont représentés par les petits symboles gris. Les rectangles gris sur le panel (a) représentent les estimations de GMST (Inglis et al. 2020) et de CO2 (Anagnostou et al. 2020) reconstruites à partir des proxies et sur le panel (b) représentent les estimations de gradient méridional de SST (Evans et al. 2018, Cramwinckel et al. 2018, Zhu et al. 2019) et de SST moyennes globales (Inglis et al. 2020) reconstruites à partir des proxies.

L’amélioration des prédictions des modèles de système Terre pour le climat des XXIe siècle et suivants passe par une meilleure compréhension du fonctionnement des modèles dans des contextes de températures et CO2 élevés sur lesquels ils ne sont pas calibrés. Or la dernière période au cours de laquelle les proxies estiment une concentration de CO2 similaire à celle attendue pour la fin du siècle selon les scénarios « business-as-usual » est l’Eocène Inférieur (~ 55 – 50 Ma). Sous l’égide de PMIP4, un projet d’intercomparaison de modèles, DeepMIP (https://www.deepmip.org/), a ainsi été lancé avec cette période comme objectif dans le but d’évaluer la capacité des modèles à reproduire les reconstructions issues des proxies et de comprendre les raisons des différences inter-modèles.

Nous avons participé à cet exercice avec le modèle IPSL-CM5A2 (Sepulchre et al. 2020), une version basse résolution du modèle IPSL analogue à la version utilisée pour l’exercice CMIP5 mais qui a bénéficié de nombreux développements techniques (vitesse de calcul, adaptation des grilles du modèle, …) permettant son utilisation sur des périodes très anciennes. À partir des mêmes conditions initiales (paléogéographie, distribution de végétation, constante solaire, paramètres orbitaux, …), les différents modèles participants ont réalisé des simulations à différents taux de CO2 en plus d’une simulation préindustrielle de référence.

La figure 1 montre les résultats obtenus pour deux métriques couramment utilisées en paléoclimatologie, la moyenne annuelle globale de température de surface (GMST) par rapport à la concentration en CO2 (panel a) et le gradient méridional de température de surface de l’océan (SST) entre les tropiques et les hautes latitudes par rapport à la moyenne annuelle globale de SST (panel b). Les simulations DeepMIP montrent que la plupart des modèles (gros symboles colorés) arrive à simuler une GMST cohérente avec les estimations issues des proxies (rectangles gris) pour des CO2 compris entre 3 et 6 fois la concentration préindustrielle, ce qui n’était le cas auparavant que pour des CO2 bien plus élevés ou avec une paramétrisation spécifique des nuages (symboles gris, simulations réalisées avec des versions plus anciennes des modèles). Le spread inter-modèle est également assez réduit, en particulier à 3x puisque tous les modèles donnent une GMST quasi-identique à l’exception de MIROC (et INMCM et NorESM qui n’ont pas réalisés de simulation à cette concentration en CO2).

 

En revanche, c’est moins le cas pour le gradient méridional de température pour lequel ce spread est bien plus important. Le rectangle rouge sur le panel (b) englobe les valeurs de gradient méridional en fonction de la SST moyenne globale pour les modèles dont la GMST est quasi-identique sur le panel (a) à 3x (i.e., CESM, GFDL, HadCM3, IPSL et COSMOS). On observe ainsi que pour une même GMST, la différence moyenne de SST entre les tropiques et les hautes latitudes varie de 5°C entre COSMOS et CESM. De plus, seuls quelques modèles réussissent à simuler un gradient en accord avec les estimations.

Deux points majeurs ressortent également de cette analyse basique au premier ordre : les modèles sont unanimes pour simuler une sensibilité climatique plus importante que les précédentes simulations ainsi qu’une diminution du gradient latitudinal de SST lorsque la SST moyenne augmente.

La comparaison spatiale entre SST simulées par les modèles et reconstruites par les proxies montre cependant de larges biais régionaux, en particulier aux hautes latitudes, ce qui implique que les modèles ne représentent pas bien certaines structures climatiques locales et/ou que les proxies possèdent des biais et/ou que les conditions aux limites fournies par les modèles sont localement erronées.

Plusieurs études sont actuellement en cours afin d’analyser plus spécifiquement le comportement des modèles vis-à-vis de certaines composantes du système climatique (circulation océanique, impact des aérosols, paramétrisation et impact des nuages, représentation des moussons asiatique et sud-américaine, cycle hydrologique, …).

Référence :

Lunt, D. J., Bragg, F., Chan, W. L., Hutchinson, D. K., Ladant, J. B., Morozova, P., ... & Otto-Bliesner, B. L. (2021). DeepMIP: Model intercomparison of early Eocene climatic optimum (EECO) large-scale climate features and comparison with proxy data. Climate of the Past, 17(1), 203-227.

 
#284 - Màj : 02/12/2021
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